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Afghanistan, survivre mais surtout résister

Survivre. C’est peut être la principale des activités des Afghans qui regardent les voitures passer, assis aux bords des routes poussiéreuses de Kaboul. C’est à ça cela qu’ils pensent les enfants qui jouent avec les déchets ou qui font voler leurs cerfs-volants au-dessus des murs couverts de barbelé. C’est peut être aussi ce que pensent les femmes aux mille voiles de tout genre et couleurs, qui regardent la ville marchander derrière le grillage de leur burqa bleu clair.
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En Afghanistan il faut survivre à beaucoup de choses. Aux attaques terroristes, ça, on le sait aussi chez nous. Il faut juste espérer ne pas se trouver au mauvais endroit au mauvais moment. Par exemple quand un homme d’un des groupes fondamentalistes, ou affilié à Daesh ou un groupe de Talibans, se fait exploser en plein milieu de la rue pour une démonstration de force et de présence, pour une question de rivalité entre factions.

Il faut survivre au manque d’eau et d’électricité, à la famine qui fait aussi souffrir les animaux squelettiques qui traînent les chariots au milieux du trafic. Il faut survivre au trafic même de voitures folles qui dépassent de tous les côtés, à contresens, avec à bord n’importe quel nombre de passagers. Il faut survivre à la pollution des Toyota Corolla et des vieux Pick Up qui rendent l’air épais, comme un brouillard bizarre qui couvre le soleil même quand il est présent.

Quand on est femme, il faut survivre deux fois plus parce qu’on est considéré comme la moitié d’un homme. Confiné dans un coin de la cuisine, entre un mariage combiné et une moyenne de cinq enfants, sans pouvoir aller à l’école et apprendre à lire et à écrire, se faire torturer quand on essaye de contester un système patriarcale imposé par des prétendues doctrines religieuses et fondamentalistes. Survivre dans une cage de maison, dans une cage d’étoffes pour en sortir, et dans un voile d’ignorance, pour le seul fait d’être née, femme.

« Quand je vois une petite fille en Afghanistan ça fait mal » me dit un soir, une camarade de voyage.
On survit dans une vie quotidienne déclinée selon sa propre appartenance ethnique pachtun, uzbek, tadjik, hazara…. On survit dans un pays qui subit une guerre et une violence quotidiennes, où le gouvernement est extrêmement corrompu et manœuvré par les Etats Unis, qui le supportent tout en finançant en même temps les talibans, et qui participent à garder en place une situation trouble pour l’exploiter selon leurs intérêts. Survivre à l’occupation militaire américaine, donc, et survivre aux Seigneurs de la Guerre avec leurs milices privées, qui contrôlent des provinces entières et qui possèdent des fauteuils au parlement.

Dans ce panorama, où le peuple Afghan parait « trop pris à survivre » pour s’inquiéter de la politique, certaines figures proposent une alternative. C’est des parlementaires indépendants comme Belquis Roshan, et les jeunes membres et activistes du parti Hambastagi (Parti de la Solidarité) qui sur leur site internet et les social network, quand ils organisent des manifestations et des événements, dénoncent les criminels au gouvernement, l’occupation américaine et le fondamentalisme islamique comme les vrais responsables de la situation qui affectent leur pays. Le parti soutient des idéaux de démocratie au-delà de toute différence ethnique, (facteur instrumentalisé par toutes les factions au gouvernement afin d’affaiblir la population en mettant les uns contre les autres), de respect des Droits de l’Homme et surtout d’égalité homme/femme.

Selay, porte-parole du Parti de la Solidarité - Hambastagi à la manifestation du 8 mars, Journée internationale des droits des femmes
Selay, porte-parole du Parti de la Solidarité – Hambastagi à la manifestation du 8 mars, Journée internationale des droits des femmes


La population Afghane se méfie des mots comme « politique » ou « parti » : elle a vu les Seigneurs de la Guerre retourner leurs vestes, une fois au gouvernement, en faisant propagande pour les Droits de l’Homme et pour les droits des femmes après avoir promu des lapidations, des viols et des humiliations envers les femmes pendant des années. C’est un peuple qui a vu les gouvernements changer, l’occupation augmenter et diminuer, l’argent public aller directement dans les poches des politiciens corrompus, et la situation, la vie quotidienne, les routes, les écoles, rester toujours les mêmes, poussiéreuses. Les gens savent qui sont les coupables, mais des fois se retrouvent à les soutenir par crainte que l’avenir puisse être pire.

C’est pour ça que les représentants de Hambastagi vont dans les villages, dans les provinces les plus lointaines de Kaboul et discutent avec les gens, en écoutant les besoins (comme ceux de base, l’eau, la santé et l’éducation), et en essayant de les sensibiliser à une participation active, à prendre conscience de la situation et à reconnaître qui sont les vrais criminels. Justice sera faite, ils racontent, quand ces criminels seront dénoncés et condamnés devant une Cour Nationale qui reconnaîtra leurs responsabilités dans la condition du pays, et devant une Cour de Justice internationale qui déclarera comme crimes de guerre les actions commises.

Entre temps, les gens les dénoncent dans leurs esprits. Mais pour continuer ce processus et amplifier le débat, la participation est nécessaire afin d’investir des énergies dans l’éducation des jeunes et des femmes, parce que c’est de l’ignorance dont se sert le fondamentalisme islamique pour maintenir ce statu quo. De plus, c’est aussi bien nécessaire un processus de laïcisation du pays pour qu’on arrive à obtenir l’égalité des sexes, qui est fondamentale dans une démocratie stable et durable.

Belquis Roshan défile au parlement exhibant la bannière « traiter avec l’Amérique signifie vendre notre pays »
Belquis Roshan défile au parlement exhibant la bannière « traiter avec l’Amérique signifie vendre notre pays »

Une démocratie afghane est irréalisable tant que les troupes américaines ne seront pas retirées, tant que l’Afghanistan ne sera pas libre de la manipulation et des intérêts des puissances limitrophes du Pakistan et de l’Iran. Hambastagi n’est pas contraire aux relations internationales avec d’autres pays, mais il doit être un avantage pour la population, non pas des pays capitalistes ou leurs marionnettes locales.

Survivre, oui, mais pour Hambastagi vivre signifie aussi résister à tout prix, lutter et rêver qu’une révolution soit possible, que le pouvoir en Afghanistan retourne dans les mains des Afghans.

Linda Bergamo