AMDH Nador est une section de l’Association marocaine des droits humains créée depuis 1979 et qui compte actuellement 95 sections au Maroc et près de 15.000 adhérents.
AMDH NADOR une association de benevoles, défend les droits des marocains et des migrants. En se basant sur un travail de terrain, elle relève les différentes violations commises par les autorités marocaines, publie des rapport qui dénoncent ces violations et procure un soutien juridique et administratif aux personnes victimes de ces violations. AMDH Nador participe aussi à tous les mouvements de protestation (mouvement du 20 février, hirak du rif…).
AMDH Nador organise aussi des formations, des débats et des conférences de presse, mais depuis 2015 nos activités dans des lieux publics sont interdits illégalement par les autorités.
Melting Pot a interviewé Omar Naji, un activiste de l’Association.
D: Où et comment vivent les personnes qui arrivent au nord du Maroc pour essayer de pénétrer dans les enclaves espagnoles de Ceuta et de Melilla ?
Les migrants subsahariens qui arrivent à nador vivent dans des campements dans les forêts situés au sud de nador. C’est des campements construits en plastic par les migrants sans eau ni électricité et ne reçoivent aucune aide des autorités. On y trouve des femmes, des enfants qui vivent des conditions très difficiles en hiver et en été. Donc la ville de Nador demeure interdite pour les migrants qui ne peuvent pas y travailler ou louer une maison. Leur présence n’est toléré qu’en forêt.
D: Vous dénoncez, à travers vos canaux de communication, l’intensification des répressions violentes de la part des autorités marocaines contre des personnes d’origine subsaharienne arrivant à Nador pour entrer à Melilla.
Pouvez-vous nous dire ce qu’il se passe ?
Où est-ce que ces personnes sont conduites suite aux arrestations massives ?
En forêt, les migrants subissent différentes violations:
– attaque des campements même la nuit et destructions de leur abris en plastic. Arrestation massive des migeants y compris les femmes enceintes et les enfants malgré que la loi marocaine02-03 l’interdit. Arrestation aussi des migrants qui ont des cartes de sejour.
– violences contre les migrants par les forces auxiliaires causant des blessés et même des morts comme ça été le cas du jeune guineen Anssou KEITA décédé le 7 septembre 2019 suite à une intervention violente des forces auxiliaires.
– les migrants arrêtés illégalement sont incarcérés dans des lieux d’enfermement illegaux car leur arrestations ne se fait pas suite à un ordre d’un juge. Cette séquestration peut durer des semaines.
– les migrants sont par la suite refoulés sans leur gré au sud du maroc ou à la frontière algérienne dans des zones désertiques sans leur procurer aucune aide. D’autres migrants sont expulsés directement vers leur pays.
D:. Vous dénoncez également l’emploi des Forces auxiliaires , un corps paramilitaire dépendant du Ministère de l’intérieur marocain…
Dans ce dispositif de répression, les autorités marocaines évitent de mobiliser en première ligne la police ou les gendarmes qui ne peuvent juridiquement arrêter des personnes que sur ordre d’un juge. C’est pour cela qu’ Elles mobilisent les forces auxiliaires qui appartiennent au ministère de l’intérieur et qui n’ont pas la compétence juridique d’arrêter des personnes.
Ces forces commettent les pires violations contre les migrants y compris le vole de leur argent et téléphones et n’ont jamais été questionnés sur leurs actes.
D: Le Maroc est devenu le gendarme de l’Europe et d’Espagne. Pouvez-vous nous parler de l’accord controversé de pêche entre l’Union Européenne (UE) et le Maroc ?
Oui le maroc joue le rôle de gendarme depuis des années, mais il ne faut pas comprendre que le maroc, en jouant ce rôle, se limite à appliquer des directives venant du nord. Non. Le maroc manille “très Intellegemment” ce dossier pour attirer le maximum d’intérêts politiques, économiques et financière de l’Europe. Je vais vous donner un exemple: avant 2015, la migration se faisait exclusivement en sautant les barrières de melilla et Ceuta. Annuellement près de 4000 migrants arrivaient à sauter. L’UE et le maroc ont décidé de construire les barrières à lames tranchantes à Ceuta et Melilla. C’est à ce moment là que la migration s’est orientée vers la voie maritime par zodiac. Les chiffres des departs ont explosé. De 4000 on a passé à 59000 en 2018 (selon des statistiques espagnoles). Cette augmentation des departsn’est que le resultat de leur politiques migeatoires qui, lorsqu’elles ont décidé de construire les barrieres, elles ont surtout favorise plus de départs par mer. La question à poser est pourquoi on est arrivé à cette situation?. En faite le maroc, dans à quête à se procurer un moyen de pression sur l’Europe, avait besoin d’un flux de migrants plus important que les 4000 et il a réussi sur ça. Il est bien récompensé politiquement et financièrement (aucune dénonciation européenne par exemple de la répression des hirak du rif et de jerada qui ont conduit à l’arrestation de plus de 1000 détenus politiques en plus des 140 million d’euros…). Même raisonnement pour certains milieux politiques europeennes qui avait eux aussi besoin de flux plus important pour attiser le discours de peur antimigrants.
D: L’Espagne et le Maroc sont parvenus à un accord sur les secours en mer dans le Détroit ou dans la mer d’Alboran. Pouvez-vous nous en parler ?
Tout ce que je peux dire que sur le terrain on n’a constaté aucune amélioration des moyens de secours en mer. Le maroc préfère dépenser l’argent reçu dans la traque et la répression des migrants que pour sauver des vies en mer. Le résultat est une augmentation importante des décès (rien qu’a nador l’hôpital a reçu en 2018, 244 cadavres de migrants). L’autre constatation qui peut être lié à cet accord c’est que de plus en plus d’embarcations de migrants sont bloqués en mer par la marine espagnole ou Frontex jusqu’a l’arrivée de la marine marocaine qui arrêtent les migrants et les ramènent au Maroc (sur notre page facebook vous allez trouver des temoignages).
